Chimiste, pétri d’idées et de curiosité, j’ai selectionné l’argentique après des années de pratique comme technique principale pour obtenir et tirer mes images photographiques, comme moyen de communiquer.
Je garde cet émerveillement de la chimie, ancré depuis le plus jeune âge où je croyais encore que la science toute-puissante permettait de tout expliquer. Aujourd’hui, docteur en chimie, je garde cet amour intact mais je porte un regard lucide sur les limites de la science.
J’ai viscéralement besoin d’explorer d’autres modalités et la photographie comble ce vide.
Moravia a donné dans « L’homme qui regarde » des clés pour expliquer ce lien qui unit certains chercheurs à la photographie et qui repose sur la scopophilie, le plaisir de regarder, analyser, décortiquer. En rajoutant les points communs entre le labo du chimiste et celui du photographe argenticien, le choix de la photographie argentique était logique.
Internet, permet un accès à un éventail très large de films, de papiers et de chimies. Mon choix se porte sur des émulsions modernes sans grains et à la gamme de gris très étendue. Une fois tirée sur baryté, l'image exhale toute la puissance d’expressions des tonalités choisies. Les optiques utilisées, anciennes, invitent par leur douceur le spectateur à la contemplation -au contraire du regard strictement analytique favorisé par le tranchant chirurgical des optiques modernes.
Bonus, le tirage photographique, un objet matériel, crée un lieu autour duquel discuter et prendre son temps, contrairement aux images dématérialisées, consommées à la vitesse du clic de souris.